Imaginons l'histoire suivante: Monsieur Y. souffre depuis un certain temps de façon récurrente de douleurs thoraciques et de maux de tête assez importantes. Il commence par faire examiner ses douleurs par son médecin, car il a peur pour son cœur. Heureusement, tout va bien. Le médecin explique que les douleurs thoraciques sont dues à des tensions musculaires et qu'il souffre de céphalées de tension. Il lui prescrit des analgésiques.
Comme Monsieur Y. ne veut pas prendre d'analgésiques, il prend rendez-vous chez son homéopathe. Il se réjouit de pouvoir bientôt dire au revoir à ses douleurs grâce à quelques granules. Malheureusement, le rendez-vous ne se passe pas comme il l'avait prévu. Son homéopathe lui recommande quelques globules contre ses douleurs aiguës et souhaite le traiter rapidement de manière constitutionnelle, car elle remarque qu'il a l'air très tendu et qu'il mentionne également beaucoup de contrariétés au cours des derniers mois, qui semblent avoir un lien temporel avec ses douleurs récurrentes. En même temps, elle lui explique que ses douleurs ne disparaîtront probablement pas de manière durable si on s'arrêtait là avec le traitement. Au vu de sa posture, elle soupçonne une faiblesse de la musculature thoracique et dorsale comme cause mécanique supplémentaire des douleurs. Elle lui conseille d'abord de prendre rendez-vous chez un ostéopathe pour traiter la situation mécanique aiguë. Par la suite, à son grand regret, il devra recourir à un entraînement médical pour renforcer son dos et la poitrine.
Monsieur Y. n'est guère enthousiaste. Il avait espéré obtenir une solution rapide et trouve pénible de devoir consulter d'autres thérapeutes.
Vous découvrirez dans cet article pourquoi il pourrait malgré tout être intéressant pour Monsieur Y. de s'engager dans ce traitement pluridisciplinaire.
Collaboration interprofessionnelle en médecine conventionelle
Différentes études confirment les effets positifs de la coopération interdisciplinaire dans le secteur de la santé (Wettstein/Gurtner, 2019, p.7-8). Les facteurs suivants sont mentionnés:
meilleure prise en charge des patients (diagnostic meilleur/plus rapide, moins d'erreurs de traitement, traitement plus global)
réduction des coûts (thérapies plus efficaces, meilleure utilisation des ressources)
satisfaction accrue du personnel (processus de travail plus efficaces, protection contre l'épuisement professionnel) (Bürli, 2023).
Malgré les nombreux avantages, la coopération interdisciplinaire n'est souvent pas (suffisamment) encouragée et vécue.
Travail pluridisciplinaire en médecine alternative
Grâce à l'amélioration de la qualité des formations, aux nouveaux résultats de la recherche scientifique et suite à la demande croissante des patients, on observe depuis des années une évolution positive dans le rapprochement de la médecine conventionnelle et de la médecine alternative. De plus en plus de cabinets, de centres médicaux et d'hôpitaux proposent des approches pluridisciplinaires incluant la médecine alternative ou des thérapies complémentaires.
Ce qui est souvent oublié est qu'il serait aussi possible d'adopter une collaboration interdisciplinaire entre thérapeutes en médecine alternative ou complémentaire.
Il n'existe pas de thérapie ou de système médical qui puisse offrir une solution efficace et adaptée à chaque trouble et à chaque personne. D'une part, les troubles de santé sont souvent complexes et étroitement liés à l'histoire personnelle et aux antécédents médicaux d'une personne. D'autre part, chaque thérapie a son mode d'action spécifique qui lui permet d'influencer très positivement un certain type de troubles et de fournir en revanche des résultats moins bons pour d'autres formes de maladies. Ces observations plaident en faveur d'une approche thérapeutique pluridisciplinaire, non seulement avec la médecine conventionnelle, mais aussi au sein des professions de la médecine alternative et des thérapies complémentaires, pour pouvoir proposer des thérapies plus efficaces.
Monsieur Y.
Dans le cas de Monsieur Y., un examen médical a d'abord été effectué pour trouver l'origine des douleurs. En médecine traditionnelle, ses troubles seraient traités par des analgésiques et, le cas échéant, par la physiothérapie.
Les tensions musculaires et les céphalées de tension peuvent être déclenchées par des facteurs mécaniques ou autres (stress, émotions, etc.). Dans le cas de Monsieur Y., des causes mécaniques et émotionnelles semblaient être présentes. Nous attendrions donc un effet partiel du traitement par analgésiques et physiothérapie, car la vie émotionelle et la tension intérieure de Monsieur Y. ne seraient pas engloblées dans le traitement. Cela pourrait avoir pour conséquence que les douleurs ne disparaissent que partiellement et/ou qu'elles reviennent après un certain temps. De plus, Monsieur Y. ne souhaite pas prendre d'analgésiques.
Grâce aux remèdes homéopathiques, nous pouvons obtenir un effet au niveau des douleurs, de la tension nerveuse et de la vie émotionelle de Monsieur Y. Mais pour lui permettre d'être soulagé plus rapidement et d'avoir la perspective d'une guérison vraiment globale et durable, le niveau mécanique devrait également être traité. Pour ce faire on pourrait utiliser une des méthodes thérapeutiques qui déploient un effet important à ce niveau-là comme par exemple dans notre cas l'ostéopathie, la musculation ou la physiothérapie.
La méthode de traitement pluridisciplinaire, qui semble au premier abord fatigante et pénible pour Monsieur Y., peut finalement raccourcir son traitement et augmenter le succès de celui-ci.
Conclusion
Dans mon cabinet, ces traitements pluridisciplinaires ont fait leurs preuves. Lorsqu'ils semblaient nécessaires au cours du traitement, j'ai pu observer que la régression des symptômes était souvent plus rapide et plus durable qu'avec un traitement homéopathique seul. On peut aussi souvent observer des effets de synergie, comme par exemple que les traitements respectifs agissent mieux ou plus longtemps ou que le dosage des médicaments pouvaient être réduit. Les thérapies doivent toutefois être bien coordonnées entre elles. Faire beaucoup n'aide pas forcément beaucoup, mais peut surcharger l'organisme. De plus, certaines méthodes thérapeutiques ne se combinent pas bien ou peuvent même provoquer des interactions. N'hésitez donc pas à discuter de vos thérapies avec les thérapeutes qui vous traitent et à leur demander conseil.
Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet, je vous recommande la vidéo suivante (en allemand) sur le sujet (interview de Marwin Zander avec moi) :
L'auteur
Rachel Keizer a obtenu le diplôme fédéral de naturopathe spécialisée en homéopathie. Elle travaille dans son cabinet d'homéopathie à Zurich, où elle s'occupe d'enfants, d'adolescents et d'adultes souffrant de troubles très divers. Elle se concentre avant tout sur le traitement homéopathique tout en utilisant, si nécessaire, une méthode de travail pluridisciplinaire, afin de pouvoir soutenir au mieux chaque personne dans son processus thérapeutique individuel. Pendant son temps libre, on la trouve le plus souvent en forêt ou sous l'eau. Vous trouverez plus d'informations sur l'auteur sur la page portrait.
Bibliographie:
Bürli, Clemens (2023): 5 Vorteile der interprofessionellen Zusammenarbeit im Gesundheitswesen. URL:https://www.unomed.ch/magazin-beitraege/5-vorteile-der-interprofessionellen-zusammenarbeit-im-gesundheitswesen (consulté le 4.09.2024)
Gurtner, Sebastian/Wettstein, Miriam (2019): Interprofessionelle Zusammenarbeit im
Gesundheitswesen - Anreize und Hindernisse in der Berufsausübung, eine Studie im Auftrag des Bundesamtes für Gesundheit BAG, Förderprogramm «Interprofessionalität im Gesundheitswesen» 2017−2020. Berner Fachhochschule, Department Wirtschaft, Institut Unternehmensentwicklung. URL: file:///C:/Users/rhkei/Downloads/Studie%20M5_Anreize%20und%20Hindernisse%20in%20der%20IZP_BFH_Abschlussbericht.pdf (consulté le 4.09.2024)
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